En se promenant dans notre région et notamment au bord de la mer, le visiteur est souvent intrigué par les maisons construites dans le style balnéaire depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'au début du XXe.
Ils furent nombreux à se faire construire une villa au cours de ce XIXe siècle dit « éclectique » parce qu'il reprenait à son compte les différents styles d'architecture des temps passés. Ces « horsains » laissaient courir leur imagination pour faire bâtir leur résidence de vacances... nous avons ainsi des villas de style anglo-normand, néo-gothique, mauresque, chalet, etc.
Ce style tout en fantaisie se retrouve non seulement dans la construction des villas, mais aussi dans celle des premiers casinos. Il a influencé le décor des maisons et même celui des immeubles industriels ; c'est ainsi que la scierie Freret de Fécamp réalisait des chalets décorés de bois sculpté.
Nous possédons dans notre ville de nombreux témoignages de cette époque, par exemple rue d'Yport, les villas « Néréide » et « Les Alcyons ». Nous voyons encore, en beaucoup d'endroits, les frises de bois appelées lambrequins presque toutes différentes qui soulignent le bord des toits et des lucarnes. Ce sont de vraies dentelles qui apportent une note de gaîté à nos quartiers. Il faut noter que ce terme de lambrequin, d'origine néerlandaise (petit voile), n'est pas seulement réservé aux frises de toitures, mais désigne également les bordures à festons qui décorent les faïences rouennaises et des ouvrages en tissu.
Malheureusement, certaines villas ont disparu lors de la dernière guerre. D'autres nécessiteraient quelques travaux de réfection, ce qui est sur le point d'être réalisé à la maison de l'ancien gardien de la côte de la Vierge, route du Phare, à la grande joie de tous. D'autres lambrequins sont hélas sacrifiés lors de travaux. Cependant, nous constatons que ce style balnéaire a ses amoureux qui entretiennent et mettent en valeur ses éléments.
Deux exemples parmi d'autres nous réjouissent : le premier au 22 bis de la rue du Précieux Sang, le second aux numéros 25, 27 et 29 rue Alexandre-Constantin où les familles occupantes réussissent, par un entretien régulier des peintures blanches à sauvegarder l'unité de l'immeuble.
Mais regardez vous-même attentivement, il est sûr qu'au cours de vos déplacements dans nos rues, vous remarquerez bien d'autres maisons gracieusement festonnées.